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Plume ébouriffée
Ma plume, ce matin, est
embrumée,
Un ouragan l’a ébouriffée.
Devant son miroir s’est
inquiétée:
Tous ses papiers se sont
emmêlés.
La colère de sa
propriétaire
A chaviré son bleu d’enfer.
Même l’encrier a viré au
vert
Et les mots s’envolent au
diable vauvert!
Encore heureux qu’elle ne
s’est brisée,
Dès demain, il faudra la
choyer,
Un peu de soleil pour la
sécher
Et tendrement bien la
recoiffer.
Je lui conterai des rêves
d’encens,
Les parfums subtils de son
orient,
Tous ses rêves de miel et
d’origan
Aux senteurs douces des
nuits d’Ispahan.
A l’instant béni de
l’envolée,
Silhouette frêle sur le
papier,
D’arabesques en pleins et
déliés,
Elle calligraphiera sans
ciller.
Je la frôlerai du bout des
doigts,
Elle, ma tendre complice aux
abois
Lorsque ma muse s’emporte
quelques fois,
Témoin muette de mes désarrois.